Disclaimer : nous citons Nathalie Heinich dans ce post pour son travail sociologique scientifique dans le domaine des arts, toutefois nous désapprouvons toutes ses autres prises de position, notamment sur l’actualité.
Œuvre et artiste intrinsèquement liés
Selon Nathalie Heinich dans son article « Une question sans réponse univoque »1 explique que le propre de l’art est son originalité. Il correspond à « l’émanation de la personnalité de l’artiste » selon le droit. Il y a donc une relation intrinsèque entre auteur et œuvre. Elle conclut en rappelant que la justice fait son travail, tout comme le public qui a le droit également de boycotter ou non les artistes.
Ne pas célébrer les violeurs
Réfléchir à la séparation entre l’homme et l’artiste, ce n’est pas les empêcher de travailler, mais bien à réfléchir à quelle place on souhaite leur donner dans notre société. Comme l’explique Rose Lamy dans En bons pères de famille2 : « la question n’est pas d’empêcher les hommes violents jugés ou les artistes de travailler. […] Mais de s’interroger sur leur célébration, sur la place sociale qu’on leur offre et sur le message que cela envoie aux autres hommes et aux victimes ».
« Ce qui représente un danger pour l’art, ce sont donc toujours les femmes et les féministes qui dénoncent, jamais la violence initiale », Rose Lamy dans En bons pères de famille.
Picasso à la poubelle ?
Dans son podcast Vénus s’épilait-elle la chatte3, Julie Beauzac explique que ce débat de la séparation entre l’homme et l’artiste provoque une peur de la censure, qui pourtant n’est pas l’objectif de cette remise en question. Le but est de se rendre compte qu’une majeure partie de la culture occidentale est basée sur le patriarcat, la culture du viol et le regard masculin. Elle prend l’exemple de Picasso : « Je crois qu’avec les centaines d’expos qu’il y a eu sur Picasso, on a fait à peu près tout ce qu’on pouvait pour le présenter comme un grand génie et que maintenant on peut parler du reste, c’est-à-dire la misogynie, la pédocriminalité, et les violences. Ce n’est pas un angle moins valable, c’est très éclairant sur l’art et la culture occidentale au sens large ».
Pour aller plus loin :
- Jacqueline Laufer, Monique Meron et Hyacinthe Ravet, L’artiste et son œuvre : peut-on les séparer ?, Travail, genre et sociétés, 50(2), 155-158, 2023, URL : https://doi.org/10.3917/tgs.050.0155.
- Gisèle Sapiro, Peut-on dissocier l’œuvre de l’auteur ?, Paris, Le Seuil, 2020.
- Nathalie Heinich, « Une question sans réponse univoque », NECTART, 11(2), 104-118, 2020, URL : https://doi.org/10.3917/nect.011.0104 (consulté le 8/10/2025). ↩︎
- Rose Lamy, En bons pères de famille, Paris, JC Lattès, 2023. ↩︎
- Julie Beauzac, « Picasso, séparer l’homme de l’artiste », Vénus s’épilait-elle la chatte, 2021, URL : https://www.venuslepodcast.com/episodes/picasso%2C-s%C3%A9parer-l’homme-de-l’artiste (consulté le 8/10/2025). ↩︎
Laisser un commentaire